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Par Marianne Brunat, Directrice Commerciale de Sofrecom Group

L’inclusion numérique, ou e-inclusion, est un processus qui vise à rendre le numérique accessible à chaque individu et à lui transmettre les compétences numériques qui lui permettront de faire de ces outils un levier de son insertion sociale et économique.

Le premier enjeu de l’inclusion numérique est l’accessibilité aux services numériques. Au niveau mondial, encore près de la moitié de la population n’a pas accès aux services internet, avec des disparités fortes entre les pays et entre les territoires. Le second enjeu consiste à favoriser l’émergence des services et des conditions permettant au numérique de devenir un véritable facteur d’inclusion sociale, économique et citoyenne, sans se limiter au développement de l’usage des réseaux sociaux par exemple.

Un long chemin reste à parcourir pour rendre accessibles à tous, les services numériques : Malgré une progression exponentielle sur ces 4 dernières années, de profondes disparités persistent : selon l’ITU, près de 87% des habitants des pays développés utilisaient l'Internet en 2019, contre 47% dans les pays en développement. D’autres disparités existent également entre les villes et les zones rurales, entre les hommes et les femmes, les jeunes et les populations plus âgées. Cette problématique est trop souvent réduite à des questions de couverture des réseaux, sans prendre en compte les autres freins potentiels : les tarifs d’accès, le prix des smartphones, les connaissances de base du digital, voir l’alphabétisation. Or, s’il est vrai que la couverture des zones rurales reste un réel défi, y compris dans les pays les plus développés, dans les pays en développement la question du prix est clé. A titre d’exemple, « l’Alliance for affordable internet » considère que l’accès à internet est raisonnable lorsque le prix de 1 Gbit d’internet mobile est inférieur à 2% du revenu mensuel moyen par habitant. En Afrique, seulement 10 pays sur 45 atteignent ce seuil, et la moyenne du continent est de 7,1%. Cette fracture financière n’est pas irréductible, notre article page 6 sur « sept leviers pour rendre l’internet haut débit accessible à tous » détaille les moyens de la réduire significativement.

Pour être inclusif, le numérique doit également permettre l’accès à des services qui améliorent le développement et la vie des personnes (éducation, santé, services publics, emploi) et ne pas se limiter à du divertissement. Le développement du mobile money en Afrique est ainsi considéré comme un réel vecteur de bancarisation sur le continent. Mais lorsqu’on y regarde d’un peu plus près, l’étude récente réalisée par GeoPill au Kenya, Tanzanie, Uganda, Ghana, Nigeria, et en Côte d’Ivoire, auprès de jeunes de 18 à 35 ans montre, au-delà du taux d’usage de 28%, que dans tous ces pays, le principal usage du mobile money est le jeu en ligne (63%) devant le paiement d’internet et du mobile (53%) et la TV payante. L’enjeu pour tous les acteurs impliqués, locaux comme internationaux, est donc de développer une offre à la fois suffisamment attractive pour les utilisateurs potentiels et réellement utile au développement économique et social des pays. Pour ce faire, le rôle des opérateurs, des gouvernements et des bailleurs est clé comme l’illustrent nos articles page 9 « Le rôle des gouvernements pour que les services financiers mobiles soient un facteur d’inclusion financière », et page 13 « Le classement Doing Business incite à des politiques numériques volontaristes pour favoriser le développement économique ».

Enfin, certains prérequis sont indispensables pour que le numérique devienne un réel facteur d’inclusion pour tous. Tout d’abord la qualité des infrastructures : l’histoire récente a montré que certains réseaux déployés sont inopérants et ne permettent ni le développement de l’accès ni celui des services. Les télécommunications sont un domaine où l’expertise est nécessaire. Le développement de compétences locales tant dans le domaine des infrastructures que celui des développements digitaux est également incontournable. Les projets comme l’école Fibre au Bénin (page 11) ou les Orange Digital Centers présentés page 18 sont deux outils complémentaires qui visent un transfert de compétences efficace et durable et sont également des leviers pour l’inclusion des femmes. D’autres facteurs clés de succès tels que la mise en place d’un SI gouvernemental et d’un Système National d’Identification Digital sont tout aussi nécessaires pour le développement de services administratifs digitaux. Il convient également de prendre en compte la sécurité et la gouvernance des données publiques dans un souci de confidentialité et de maîtrise des coûts.

Ce livre blanc propose, au travers d’illustrations concrètes, les principales clés pour faire du numérique un réel facteur d’inclusion. En s’appuyant sur des roadmaps à la fois ambitieuses, réalistes et concertées entre les différents acteurs impliqués, le numérique peut devenir pour les pays en développement un réel accélérateur, tant par sa capacité à créer de l’emploi et de la richesse que pour améliorer l’efficacité et réduire les coûts de fonctionnement des services publiques. C’est également un grand vecteur de transparence économique et politique apprécié par tous les investisseurs.

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