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Présentant le concept du Data Center Park, Khaled Sedrak, PDG de NxtVn, a expliqué, dans une entrevue exclusive accordée à Telecom Review, la différence existant entre ce concept et celui des centres de données ordinaires ainsi que le rôle que NxtVn joue en tant que moteur et accélérateur. En outre, il a insisté sur l’importance des technologies de l’information et de la communication et leur influence visible au niveau de tous les secteurs. Il a également évoqué le mémorandum d’entente signé avec ITIDA en Egypte, qui a permis de mettre en place un Data Center Park dans ce pays.

Pouvez-vous nous expliquer le concept du Data Center Park de NxtVn ? Et en quoi diffère-t-il des centres de données ordinaires ?

Le Data Center Park de NxtVn est un campus ayant plusieurs centres de données. C’est un concept connu par le nom de « Master Real Estate Developer » qui met en place l’infrastructure et non le bâtiment. En effet, au lieu que plusieurs personnes achètent différents terrains dans différents lieux et entreprennent un long processus pour se voir accorder les permis de construction pour y bâtir chacun des centres de données, NxtVn achète un vaste terrain où il peut construire beaucoup de centres de données, veille à se voir accorder un seul permis de construction, puis le partage avec tous les développeurs de centres de données.

Les Data Center Parks de NxtVn aident ceux qui sont incapables de mettre en place leur propre centre de données et accélèrent le processus pour ceux qui en sont capables. En outre, ils permettent de réduire les coûts.

Donc, la différence est que NxtVn ne construit pas des centres de données, mais crée l’infrastructure numérique pour les acteurs dans les centres de données. Le Data Center Park est un large campus permettant à plusieurs centres de données de coexister.

Comment les données sont-elles transmises vers les Data Center Parks ?

La fibre est en tête de nos priorités. Quand nous commençons à mettre en place des Data Center Parks, nous nous assurons de déployer la fibre en premier lieu. Nous garantissons des centres de données complètement équipés et prêts à être opérationnels. Nous nous assurons que toutes les facilités y sont présentes, notamment l’énergie provenant de plusieurs sources et la fibre offerte par plusieurs opérateurs.

Quels sont les critères sur lesquels NxtVn se base pour mettre en place un Data Center Park ? Est-ce que vous allez prochainement créer un tel campus en Afrique du Nord ?

En premier lieu, nous cherchons les zones côtières et la présence de connectivité internationale et non pas locale, tels qu’en Égypte, Tunisie, Algérie ou Maroc. Ces deux éléments sont essentiels parce que ce qui nous intéresse c’est de trouver le lieu géographique adéquat et d’avoir une connectivité.

En ce qui concerne l’Afrique du Nord, nous devons relever deux défis principaux. Le premier est la présence de l’électricité qui diffère d’une région à l’autre et le deuxième est la fibre. Actuellement le seul pays possédant une connectivité internationale est l’Égypte.

Par conséquent, en plus de l’Egypte qui est géographiquement sis à l’endroit adéquat et qui jouit de l’électricité et de la connectivité, il existe en général un grand potentiel en Algérie, en Tunisie, au Maroc et en Libye. Plus particulièrement, nous sommes intéressés par la Tunisie et en 2018, nous allons franchir une nouvelle étape dans ce pays qui présente un véritable potentiel pour y établir un Data Center Park. Actuellement, nous sommes aussi en train d’explorer les possibilités présentes en Algérie et au Maroc.

A la lumière des cyberattaques ciblant le monde entier, comment NxtVn assure la protection des données dans ses Data Center Parks ?

Actuellement, les données sont devenues plus importantes que le pétrole et l’or. Le rôle de NxtVn se limite à la fourniture de l’infrastructure, l’électricité, la fibre, le terrain et les permis. Par conséquent, celui qui gère les centres de données est responsable de la protection des données et de la promotion de la cybersécurité. NxtVn offre des services au niveau de l’infrastructure et non pas les données.

Nous nous intéressons à la sécurité physique et non pas à la cybersécurité. Par conséquent, nous protégeons le campus en premier lieu, puis assurons la sécurité physique de chaque centre de données qui, à son tour, doit assurer lui-même la sécurité de ses données.

Toutefois, bien que nous ne soyons pas responsables de la sécurité des données, nous avons lancé, l’année dernière, une initiative mondiale et appelé à ce que les données et l’infrastructure numérique soient considérées comme une infrastructure critique. Nous avons exhorté aussi les États à les protéger.

Alors que tout le monde œuvre pour renforcer la cybersécurité, NxtVn considère qu’il faut aussi promouvoir  la sécurité physique qui est relativement négligée.

Selon vous, quelle est la différence existant entre les centres ou hub numériques et ceux de télécommunications traditionnels?

Actuellement, avec l’avènement de l’ère numérique, tous les domaines sont en train de se transformer. Les TIC ne forment plus une simple industrie. En effet, elles représentent une composante essentielle de n’importe quelle autre industrie ; on remarque la présence des TIC dans les domaines pharmaceutiques, dans l’éducation, la finance, etc…  Dans ce cadre, la combinaison du concept de la numérisation et de l’informatique dématérialisée (Cloud Computing) a créé une énorme vague donnant naissance à de nouvelles tendances. Ceci apparaît, par exemple, au niveau de l’affaiblissement de la relation entre les entreprises et leurs serveurs et composantes physiques grâce à la virtualisation et au Cloud.

Quelles sont les tendances qui alimentent cette vague ?

Les plus importantes tendances qui alimentent cette vague sont l’informatique dématérialisée et l’aspect numérique. En outre, nous pouvons citer l’Internet des objets (IoT) et les réalités virtuelle et augmentée. Toutes ces tendances se sont réunies pour former une « tempête » parfaite qui contribuera à la croissance de l’industrie et promouvra la prospérité des entreprises.

Cette tempête augmentera d’une manière exponentielle la demande sur les services de téléphonie mobile, la connectivité et les centres de données parce qu’après tout, la numérisation naît dans les centres de données.

Toutefois, toutes ces tendances exerceront une grande pression sur tous les modèles d’affaires que nous adoptons actuellement et sur le déploiement d’infrastructure parce qu’elles stipulent la nécessité de mettre en place des câbles de fibre et d’énormes centres de données. Voilà pourquoi, NxtVn est en train de sonner l’alarme en appelant à examiner tous les modèles d’affaires adoptés et à trouver de nouveaux modèles novateurs pour déployer l’infrastructure et savoir comment bâtir des centres de données aux niveaux technique et commercial.

Quels sont les défis que l’industrie doit surmonter afin de pouvoir suivre ces tendances ?

Comme je l’ai déjà mentionné, il faut tout d’abord examiner les modèles d’affaires d’un point de vue commercial pour savoir si on continuera à vendre la capacité et des espaces dans les centres de données. La compétence technique est aussi un défi qu’il faut surmonter pour pouvoir créer les centres de données et déployer la fibre. En outre, le troisième défi réside au niveau de la capacité à allouer le capital suffisant et investir dans ces centres de données. Les régulations posent aussi un défi parce qu’il faut que les régulations et législations acceptent ces nouveaux modèles et créent l’environnement législatif et des politiques qui vont de pair avec ce changement de modèles. Enfin, le dernier défi se traduit par le fait que rien n’est plus local ou régional, tout est devenu mondial.

Vous avez récemment signé un mémorandum d’entente avec l’Agence du développement de l’industrie des technologies de l’information (ITIDA) en Égypte. Pouvez-vous nous donner plus de détails ?

NxtVn et ITIDA ont signé un mémorandum d’entente (MoU) pour mettre en place un Data Center Park à Silicon Waha, le centre technologique de l’Agence sis au nord de l’Égypte. Nous sommes très ravis de l’avoir conclu avec Asmaa Hosni, PDG d’ITIDA en Égypte, car il constitue la porte d’entrée au marché africain. Grâce à ce mémorandum, nous avons pu nous introduire sur le marché égyptien. Ce partenariat nous a permis de gagner aussi le soutien de S.E. Yasser El Kady, ministre des Technologies de l’information et de la communication d’Égypte, qui a participé personnellement à la cérémonie de signature du mémorandum.

Dans ce cadre, j’aimerai annoncer que ce MoU a pavé la voie à la signature prochaine d’un accord d’acquisition du terrain où nous allons construire notre Data Center Park à Alexandrie. Ceci prouve que le MoU n’était pas un simple accord mais a généré une coopération stratégique avec ITIDA.

En outre, des discussions avec ITIDA sont en cours pour mettre en place un centre de données régional qui sera nommé « Regional Center of Excellence » ou Centre régional d’excellence qui desservira l’Afrique du Nord et tout le marché africain. Il se concentrera sur la formation à deux niveaux ; les câbles sous-marins et les technologies des centres de données.

Ce centre régional est encore en cours d’étude. Toutefois, nous sommes très optimistes parce que, grâce au soutien de l’ITIDA, il sera opérationnel au cours du premier trimestre 2018. Nous allons nous concentrer tout d’abord sur la formation de haut niveau apportée au niveau de ces deux volets, puis passer à d’autres types de formation, parce qu’il est crucial de renforcer les capacités au niveau des câbles sous-marins et des technologies des centres de données.

 

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