Cybersécurité : enfin une prise de conscience des risques

Paradoxalement, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) trouve un motif de se réjouir des attaques informatiques qui se sont multipliées ces derniers mois : elles ont permis une prise de conscience des enjeux de la cybersécurité.

« Si l’on cherche un slogan, 2016, c’est l’année de la prise de conscience par l’ensemble de nos publics des questions de cybersécurité », a expliqué Guillaume Poupard, le directeur général de l’Anssi, qui présentait le rapport annuel de ses services.

« Les attaques se sont multipliées, (…) en France et à l’étranger, leur médiatisation aussi, leurs impacts également. Tout cela, évidemment, ouvre les yeux », a-t-il relevé. « 2016, c’est vraiment le tournant entre une période où il y avait encore un doute sur la menace, et une période où la question n’est plus de savoir s’il y a un risque, mais comment on fait pour se prémunir contre ce risque », a-t-il souligné.

Cette prise de conscience a été « forcée pour certains », a rappelé le patron de l’Anssi, puisque la loi de programmation militaire exige des opérateurs d’importance vitale (OIV, indispensables au bon fonctionnement du pays) qu’ils musclent leur cyberdéfense. « Avec comme logique que leur sécurité, ce n’est pas leur problème à eux, c’est le problème de la nation. »

Evoquant l’année en cours, Guillaume Poupard estime déjà que « 2017 s’annonce comme un bon cru » en matière de cybercriminalité. « Il y aura toujours des attaques », a-t-il prévenu. Mais « le champ des attaques va certainement se déplacer » ; selon lui, si « les réseaux les plus classiques vont être de mieux en mieux protégés », sa « crainte »est que les cybercriminels « partent plutôt sur des attaques à des fins de sabotage de systèmes industriels, de systèmes d’importance vitale, de transport, énergétiques, etc., soit à des fins de conflits entre Etats, soit à des fins de terrorisme ». L’idée est donc d’anticiper, de préparer la défense, afin de limiter les dégâts.

Toutes les attaques informatiques ont démontré à quel point les entreprises dépendent actuellement de ce domaine. Preuve en est la panna informatique géante qui a frappé British Airways.  Des dizaines de milliers de passagers victimes de centaines d’annulations de vols s’entassant dans les halls des aéroports londoniens à la recherche d’informations.

Agence gouvernementale chargée de coordonner la cyberdéfense de la France, garante de la sécurité des communications du gouvernement et interlocutrice des opérateurs d’importance vitale, l’Anssi a reçu 3235 signalements d’événements de sécurité numérique l’an dernier, et elle est intervenue dans vingt opérations importantes.

L’Anssi, qui joue volontiers le rôle de « pompier cyber », n’est cependant pas intervenue à chaque grande attaque. Elle ne l’a notamment pas fait auprès des quatre « grandes victimes » qu’a récemment fait WannaCry en France, parmi lesquelles le constructeur automobile français Renault qui a indiqué avoir été affecté et des sites de production étaient à l’arrêt en France mais aussi en Slovénie, dans la filiale de Renault, Revoz.

Ses moyens étant limitée, l’Agence s’emploie à certifier tout un écosystème de prestataires pour auditer les systèmes sensibles, détecter les incidents, réagir, etc. Elle songe même à faire payer ses services, selon Guillaume Poupard, pour qui « l’idée est de rester sur les cas les plus graves, les plus atypiques », et bien sûr sur la protection des services de l’Etat.

 

 

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